Interpellation du délégué régional d’EDF SA à Nancy

Intervention syndicale du 17 octobre 2019

Monsieur, tout d’abord, nous vous remercions de nous recevoir.

Notre intervention de ce jour se fait dans le cadre de l’action nationale et intersyndicale du 17 octobre 2019 avec, durant cette journée, un appel à la grève et une intervention vers nos employeurs locaux.

Les syndicats CGT Énergie Meurthe-et-Moselle sud, Union Fédérale des Ingénieurs Cadres et Techniciens 54, Transport Électricité Est et Énergie Lorraine, regroupant les agents actifs, inactifs et pensionnés des Industries Électriques et Gazières, mais aussi les salariés prestataires des groupes EDF et Engie du bassin d’emploi local, vous ont sollicité pour exprimer leurs différentes revendications et oppositions concernant le projet du président directeur général d’EDF, dit « Hercule ».

Cette journée d’action a été décidée par l’intersyndicale suite à la forte mobilisation des agents des IEG du 19 septembre 2019 qui a atteint un niveau historique.

Ceux-ci ont exprimé par la grève leurs inquiétudes sur ce projet industriel et gouvernemental, partagées par tous les syndicats CGT interprofessionnels du département, mais aussi par les usagers.

C’est un constat réalisé lors de nos distributions des alertes sociales et propositions CGT, aux citoyens.

Inquiétudes entendues et partagées avec la préfecture de Meurthe-et-Moselle lors de nos échanges le 19 septembre 2019.

D’ores et déjà des rencontres sont prévues avec les élus locaux afin de débattre de la déstructuration d’EDF organisée par son PDG.

Vous ne pouvez ignorer qu’il existe une anxiété au sein des IEG et qu’elle est largement mise en lumière par l’enquête MyEDF depuis plusieurs années !

Les agents subissent des Risques Psycho Sociaux et certains commettent l’irrémédiable.

Aujourd’hui, se télescopent plusieurs dossiers d’actualité fortement anxiogènes :

  • Ce dossier Hercule qui annonce la casse d’EDF et la privatisation induite de la distribution et du transport exposant les futures structures aux aléas aussi bien techniques qu’économiques,
  • La réforme des retraites qui ne garantit plus des pensions dignes aux futurs retraités, mais juste une part globale du PIB bloqué à 14 %, et une baisse programmée des pensions de retraite de l’ordre de 20 % à 2050,
  • La réforme du dialogue social et la remise en cause des accords qui va suivre (temps de travail, Ega PRO, RSE, etc.).

Rappelons que le contexte actuel est précédé par :

  • La sortie du groupe EDF du CAC 40 en décembre 2015,
  • La démission du directeur financier en mars 2016, suite à son désaccord avec la stratégie d’EDF liée à Hinkley Point C,
  • Un EPR à Flamanville dans la même dynamique.

Un contexte rendu d’autant plus inquiétant par :

  • L’Accès Régulé à l’Énergie Nucléaire Historique,
  • Le rapport de la Cour des comptes jetant l’opprobre sur les IEG.

Concernant RTE, sa structure et son réseau, son avenir est intimement lié à celui d’Enedis.

L’enjeu de transition énergétique passe, on le sait, par une évolution de la production mais aussi par la capacité de l’ensemble des réseaux à la mettre à disposition des usagers.

Désormais les contraintes saisonnières, les particularités des usages et de la production notamment renouvelable, centralisée ou décentralisée ou encore l’autoproduction donnent un rôle essentiel aux gestionnaires de réseaux.

Effectivement ces derniers ont dans la gestion de l’énergie les clés pour un usage optimisé, sous réserve de disposer à chaque instant des données détaillées de production et de consommation.

Enedis a installé les compteurs communicants (Linky) essentiellement pour cet enjeu.

Préparer l’avenir énergétique repose pour une part sur la gestion des data.

Ne pas réduire ces dernières (data) à un enjeu financier et plutôt les mettre au service d’une gestion raisonnée et un débat qui intéresse chaque citoyen.

Le projet Hercule mettant Enedis dans « EDF vert » à vocation à devenir privé sans savoir ce que l’ont fait du RTE avec ses réseaux ni d’avoir l’avis des communes propriétaires des réseaux de distribution ne peut être l’œuvre au pire d’ignorants ou plus vraisemblablement résultant d’une vision mercantile.

RTE, Enedis et les entreprises de distribution non-nationalisées (EEN) ne peuvent continuer de rester dos à dos.

Leurs existences résultent de plusieurs directives européennes à une époque où l’enjeu climatique n’était pas considéré comme vital.

Les réseaux de transport et de distribution financés par les usagers au travers du Tarif d’utilisation des réseaux publics d’électricité doivent, pour le bien-être de tous, délaisser le sacrosaint marché au profit du climat.

Cette gestion rationalisée de l’énergie au meilleur prix conduit à la mise en cohérence de l’évolution et de la transformation des gestionnaires de réseaux.

Et les invite au moins au regroupement pour la gestion du système électrique.

L’avenir du groupe EDF et de son évolution passe par le débat des réseaux remettant aussi en cause RTE dans ses missions et son fonctionnement actuel.

Et retrouver ensemble l’esprit du Service public !

Vous comprendrez que les agents, les ingénieurs, cadres et techniciens, l’encadrement et une partie des cadres dirigeants des IEG ont donc toutes les raisons de ne pas être euphoriques !

De plus, les salariés des entreprises prestataires, subissant déjà la précarité par les CDI de chantiers, restent dans l’attente d’un futur emploi, mais dans quelles conditions salariales et de travail ?

Et pour les inactifs des IEG, subiront-ils à nouveau une perte de pouvoir d’achat par la perte des avantages en nature liés à notre statut ?

Et les usagers, comment assumeront-ils l’augmentation de leur facture d’énergie ?

Pour autant, la CGT est forte de propositions.

La FNME CGT veut rendre EDF aux usagers, et leur permettre ainsi l’accès à un service public de l’énergie.

Ceci n’est pas une utopie, car cela ne coûtera que 3 années de dividendes versés à l’État !

Les bénéfices de la vente d’électricité, produit de première nécessité, doivent être réinvestis dans l’entretien et la construction des moyens de production et des infrastructures dans le but de maintenir une facture pour les usagers, parmi la moins élevée d’Europe.

EDF doit être au service des usagers, de la garantie de continuité de fourniture d’électricité, de la lutte contre la précarité énergétique garants d’une cohésion sociale et de la lutte contre le réchauffement climatique.

Il faut que la filière d’électricité soit surveillée par des organisations où les usagers, élus et représentants du personnel pourront décider et contraindre les opérateurs publics.

Les agents et inactifs des IEG, les salariés prestataires n’adhèrent pas à ce projet de démantèlement d’EDF, qu’ils jugent néfaste pour eux, pour l’entreprise, pour la nation, pour les clients et le service public.

Ils ne sont pas dupes des communications distillées par l’état-major de M. LEVY.

En l’état nous demandons donc le retrait pur et simple du projet Hercule.

Voilà, monsieur, exposés brièvement les motifs de notre mécontentement qui grandit parmi les agents, les salariés et les retraités qui estiment que le projet industriel et la politique sociale mise en place actuellement ne va pas dans le bon sens. Je vous remercie de votre attention.

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